Descriptif de l'étape
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ARRÊTS 6 > la plaine côtière orientale du Ghoubbet :
le plancher du rift, le Champ de Laves de Galae le Kôma et les édifices volcaniques

  L'ITINÉRAIRE

• LA PLAINE CÔTIÈRE > panorama depuis la route

La plaine côtière (fig. 1) correspond à l'ensemble basaltique aérien de Galae le Kôma et subaquatique des Guinni Kôma, Ounda Ginni Kôma et Baddi Kôma (ce dernier est constitué de trois cratères alignés sur une même fracture); elle s'étend sur une longueur de 4 km et une largeur de 1 km.

• LES ÎLES DU DIABLE > volcanisme hyaloclastique

Les îles du Diable (Ginni Kôma et Ounda Ginni Kôma) et le massif volcanique allongé du Baddi Kôma correspondent à des cratères d'explosion phréatique, explosion dite cypressoïde (H. Tazieff, 1973). Ce sont des volcans récents (30000 ans), constitués de hyaloclastites de composition basaltique.
L'île du Diable a une forme de "tas de foin" typique (d'après L. Stieltjes, 1973 b). Son cratère, comblé, est situé à l'Est de l'île et cette asymétrie est due au vent dominant d'Est. Le point culminant du Ginni Kôma est à 150 m. (fig. 3 et fig. 5)
Des bancs d'huîtres plaqués sur la paroi occidentale de l'île entre 40 et 80m d'altitude forment trois taches claires. Elles sont une accumulation en amas (déchets alimentaires et débris d'objets préhistoriques). Des outillages néolithiques notamment des pics taillés ont été trouvés.
Les plus importants travaux sur les amas coquilliers anthropiques (fig. 4)qui entourent el Ghoubbet ont été réalisés par R. Jaussaume (à partir de 1980) puis par B. Poisblaud (à partir de 1999).
L'altitude actuelle du sommet Guinni Kôma, la présence de rivages anciens surélevés sont des preuves supplémentaires de la surrection du plancher du riftLeur situation correspond à des anciens rivages du Ghoubbet (M. Boucarut et al, 1974).
De nombreux dépôts d'huîtres ont été localisés surtout sur les rives sud-ouest du Ghoubbet formant soit des bancs carbonatés bien consolidés en place soit des monticules de débris remaniés..
"Ceci montre que même un fossé dit d'effondrement peut, en fait, être en surrection" (H. Tazieff).

  • La formation des édifices hyaloclastiques

Le magma de type basaltique est de même nature chimique que celui des coulées aériennes du Champ de laves. La différence provient du refroidissement qui est plus rapide dans l'eau et de la pulvérisation des fragments projetés (fig. 2).

Le refroidissement

Il est très rapide du fait des brusques échanges de chaleur entre l'eau et le basalte. La roche formée n'est donc pas cristallisée, c'est un verre volcanique.

La pulvérisation

  • Lorsque le magma sort de la fissure il est tout d'abord retenu par la forte pression exercée par l'eau de mer située au dessus. Il s'étale alors de part et d'autre de la fissure et forme une coulée subaquatique de laves en coussins ou pillow-lavas. Dans la région les formes prismatiques très caractéristiques des basaltes subaquatiques ne sont visibles qu'à l'extrémité des coulées (fig. 2A).
  • Lorsque la pression exercée par l'eau n'est pas suffisante pour retenir le magma, celui-ci est projeté avec une grande violence. Les brusques échanges de chaleur ayant lieu entre le basalte et l'eau augmente l'énergie dynamique de l'éruption (H. Tazieff) entraînant la projection des lambeaux de magma. Les forces de pression qui s'oppose au déplacement des projections accentuent le phénomène de pulvérisation.
    Lorsque la lave atteint l'air, la pression extérieure diminue brutalement, ce qui provoque sa pulvérisation en éléments millimétriques ou centimétriques (fig. 2B).
  • La roche obtenue est alors constituée d'un ensemble de petits fragments de verre volcanique; c'est une hyaloclastite (verre cassé).

Dans la cas du Ginni Kôma, les projections très fines ont été déviées par les vents dominants d'Est et les courants marins pour se déposer à l'Ouest, ceci explique la position excentrée, vers l'Est, du cratère de œ volcan.
Une fois déposées, les hyaloclastites ont subi une altération superficielle formant la croûte sombre observée aujourd'hui en surface.

L'édifice volcanique a ensuite été soulevé (surrection liée à la présence du rift). Les agents d'érosion (vent, eau) ont attaqué la croûte d'altération mettant à nu les matériaux hyaloclastiques sousjacents composés de microfragments friables donc facilement érodées à leur tour.

Pour observer les hyaloclastites et les phénomènes d'altération, il est possible, à marée basse, d'atteindre à pied l'Ounda Ginni Kôma (compter 11/2 h) et le Baddi Kôma (compter 2h1/2).

• LES PLAGES DE LA RIVE MÉRIDIONALE DU GHOUBBET >

Un sentier part à droite de la plage aménagée du Ghoubbet (compter deux heures aller retour).

Sur le chemin, dès les premiers cent mètres, on traverse les strates émergées de calcaire à huîtres, datées de 3000 ans (autre preuve de la surrection du rift). 500m après le départ du sentier, sur la colline, un autre dépôt de coquilles d'huîtres de la civilisation Galas. Le sentier longe une faille normale à regard NE, plusieurs plages se succèdent, séparées par des coulées et des éboulis de basaltes. Sur le rejet de la faille on observe des formes caractéristiques d'érosion éolienne et marine (taffoni, fig. 3).

Le sentier devient ensuite très périlleux (éboulis), il est fortement déconseillé de s'y aventurer seul et sans connaître parfaitement la topographie. Il permet de rejoindre l'ouverture du Canyon d'Adaïlé sur la mer.

• Noter que plusieurs plages de la rive occidentale du Ghoubbet sont accessibles depuis la route. La première dont l'accès est goudronné est la Plage du Ghoubbet qui mène à Dankalello. La seconde 150m plus moins sur la route de Tadjourah (bancs calcaires à Arca et à dépôts volcano-sédimentaires remaniés) donne accès à marée basse à l'Ounda Ginni Kôma. D'autres plages sont accessibles par des pistes après le Champ de laves du Galae le Kôma.

• LE CHAMP DE LAVES > les laves chaotiques de Galae le Kôma

C'est un paysage lunaire constitué de coulées de laves récentes en bloc. Le champ de laves de Galae le Kôma est constitué de coulées scoriacées de type aa formant un horizon chaotique et bouleversé (fig. 6). Deux phénotypes de coulées peuvent être observés, ceux à phénocristaux de plagioclases (mousse de plagioclases) principalement à la limite des basaltes des marges externes et ceux aphyriques, pauvres en phénocristaux de plagioclases constituant les laves en coulées de type "aa" (fig. 7).

• LES FAILLES QUI PARCOURENT LE CHAMP DE LAVE >

De nombreuses fissures de direction NW -SE parcourent cet ensemble dont certaines ont dû jouer plusieurs fois et d'autres ont des rejets verticaux quasiment nuls. Alignés sur ces fissures béantes, des cônes de scories sont souvent accolés par deux et sensiblement égueulés (fig. 7 et dans l'excursion 10, depuis le rejet de la faille et l'Armae Kôma, depuis le Baddi Kôma).

La dernière faille longe la Baie du Lac salé, en la suivant vers le sud-est, on a accès aux cônes de scories des édifices volcaniques alignés sur cette fissure et au Baddi Kôma. Marche longue et difficile dans des laves récentes coupantes et instables.

• LA COULÉE DE LAVE DE L'ARMAE KÔMA ET LE FLANC DU SISALE KÔMA >

Le Sisale Kôma est un important édifice hyaloclastique de 1200m de diamètre ébréché formant vu du Ghoubbet un relief en forme de bonnet turc qui lui donne son surnom de "Bonnet turc" sur les cartes maritimes. Il se présente sous forme d'une caldeira de plus de 500 m de diamètre d'origine subaquatique et daté de 300 000 ans. Il a été émergé lors de surrection de cette partie du rift. Sur la paroi externe on remarque la structure stratifiée des projections hyaloclastiques qui constituent la base du cône.

La coulée de lave, résultant de la vidange du lac de laves de Bourile Bahari vers le Ghoubbet, a suivi l'ouverture d'une brèche dans le cône hyaloclastique du Sisale Kôma sous la pression du lac de laves émises lors de l'éruption de l'Armae Kôma; elle montre le passage d'un faciès à "mousse de plagioclases" à un faciès de laves aphyriques (ne présentant pas de phénocristaux). Se reporter à l'excursion 10.
Plusieurs autres coulées, plus courtes et moins volumineuses, sont visibles autour du cône du Sisale Kôma en direction du Ghoubbet et du Gouffre de la Baie des Requins.

• LE GOUFFRE DE LA BAIE DU LAC SALÉ > la Baie des Requins, un cratère immergé

Au pied du Sisale Kôma un cratère d'explosion phréatique (fig. 10), quasiment fermé, est ennoyé par les eaux du Ghoubbet. La profondeur de ce cratère est d'environ 45 m, il est comblé par de nombreux blocs résultant d'une éruption explosive sous-marine. Il se situe sur le même système de fractures orientées NW-SE que le Sisale Kôma.

© 2000-2002 J-P Berger & A-M Caminiti

Mise à jour le 23.8.2003
Documents

• Carte IGN de Djibouti au 1:200000
• Carte géologique du Rift d'Asal
au 1:50000, L. Stieltjes (B.R.G.M.) et carte de Tadjourah (ISERST).

Itinéraire
Accès à la carte de l'excursion
et à la carte géologique



Visite guidée à partir de la carte géologique simplifiée du circuit



Figure 1. Vue de la rive orientale du Ghoubbet depuis la route.
(photographie interprétée)

Figure 2. Le Ginni Kôma. Les étapes de la formation d'un édifice hyaloclastique (Schéma).

Figure 3. La plage de Dankalello et la rive méridionale du Ghoubbet (photographie).

Figure 4. Le Ghoubbet préhistorique (Travaux de B. Poisblaud ).

Figure 5. Excursion sur l'Ounda Ginni Kôma et le Baddi Kôma (à marée basse).

Figure 6. Coulée de lave chaotique du Champ de laves de Galae le. A droite, limite de coulée, au premier plan, dépôts sédimentaires occupant le contact entre les basaltes des marges externes et les coulées récentes du "Champ de laves".

Le "Champ de laves" de Galae le Kôma. Laves chaotiques de type "aa", présence de laves cordées en premier plan; en arrière plan, l'édifice volcanique constitué de scories résultant de la phase active finale.

Figure 7. Une des failles qui parcourt le "Champ de laves".

Faille normale à regard NE sur laquelle sont alignés plusieurs édifices volcaniques visibles sur la gauche et au fond.

Figure 8. Basalte à phénocristaux de plagioclases ("mousse de plagioclases" des marges externes.

Figure 9. La coulée devidange du lac de laves de Bourile Bahari vers le Ghoubbet. Elle provient du remplissage de la Caldeira du Sisale Kôma suite à l'éruption de l'Armae Kôma, suivi d'une vidange après effondrement d'une partie du cône sous l'effet de la pression (voir circuit 10).
Face orientale du Sisale Kôma.

Figure 10. La Baie des Requins, cratère d'explosion phréatique et le Sisale Kôma.