Descriptif de l'étape
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17
18
ARRÊT 4> panorama sur le Ghoubbet al Kharâb, la bordure
orientale du rift émergé et l'île du Diable

  L'ITINÉRAIRE

Le rift Asal - Ghoubbet est un fossé tectonique orienté Nord-Ouest - Sud-Est, dont l'origine est récente, moins de un million d'année (0,7 Ma). Il est constitué de deux unités effondrées:

  • le bassin du Lac Asal occupe l'extrémité Nord-Ouest du fossé
  • le Ghoubbet al Kharâb (Gouffre du Démon) quasiment clos occupe l'autre extrémité.

Les deux unités séparées par un bombement tectonique récemment affecté de cassures parallèles à l'axe de ce fossé.

Il est probable que, antérieurement à la mise en place du bombement volcano-tectonique, les deux bassins ont pu être reliés et former un vaste lac. Durant les derniers 100 000 ans, les niveaux repectifs ont été bien différents et ce du fait d'alternances climatiques importantes (voir circuit 7).

• LE GHOUBBET AL KHARÂB >

Le Ghoubbet dont la profondeur moyenne est de 150 m (-212 m à la Baie sans fond) n'est séparé de l'Océan Indien (Golfe de Tadjourah) que par un goulot, la Passe. C'est une zone d'effondrement présentant en profondeur une structure en graben identique à celle observée au niveau du bombement émergé.
Les principales failles normales à regard inverse se prolongent dans le Ghoubbet et délimitent les grands fonds (-190m, -202m) pour être émergé à nouveaue au niveau du rift de Ghoubbet-Est (Faré du Ghoubbet).

Depuis le parking du Panorama (photographie panoramique en bas de page), on distingue du Sud-Est (sur la droite) à l'Ouest (sur la gauche):

  • le "Rift avorté" et le Faré du Ghoubbet,
  • la Passe étroite et peu profonde (1 km de largeur et 4 m à 60 m de profondeur) est un étranglement séparé en deux par l'îlot Abou Maya (le Père de l'eau). La région de la Passe est constituée, de part et d'autre, d'un empilement de coulées basaltiques découpé de failles normales basculées vers le Nord-Est et le Sud-Ouest, recouvert de terrasses détritiques,
  • la rive septentrionale du Ghoubbet où on observe un banc de calcaire corallien huîtrier émergé indicateurs d'une connexion du Ghoubbet avec la mer et d'une surrection postérieure du rift,
  • la bordure orientale du rift avec son plancher axial émergé remanié par un bombement volcano-tectonique central,
  • les basaltes stratoïdes des marges méridionales du rift, affectés de failles normales à fort rejet séparant des compartiments basculés qui forment des gradins jusqu'au Ghoubbet,
  • les formation acides rhyolitiques de la bordure méridionale du rift, reconnaissables à leurs colorations pastels et variées, datées de la période tardive du Stratoïde, résultant d'une évolution et d'une origine probablement plus profonde du magma.

• LA BORDURE ORIENTALE ÉMERGÉE DU RIFT > vue sur le bombement volcano-tectonique

Un exemple rare de dorsale émergée, qui du fait de sa jeunesse et de sa faille distension, présente avec netteté les caractéristiques essentielles d'un tel phénomène.

Ce Rift présente de nombreuses manifestations de distension crustale : failles ouvertes, volcanisme récent et flux de chaleur important. De nombreux cônes volcaniques parsèment ce secteur. Le volcan le plus récent est l'Ardoukôba, jailli entre le 7 et le 14 novembre 1978.

La zone située entre le Lac Asal et le Ghoubbet (fig. 1) forme une barrière terrestre de 12 km de long et 10 km de large, d'origine volcano-tectonique. Elle correspond à la continuité de la déchirure de la dorsale océanique du Golfe d'Aden. Les mouvements tectoniques de cette zone sont de type distensif. De nombreux épicentres sismiques sont situés le long de cette nouvelle dorsale en voie de formation. Djibouti connaît en permanence des crises sismiques de faible amplitude, dont les plus importantes sont inférieures à 6 sur l'échelle de Richter (fig. 3 et Observatoire d'Arta).

C'est un bassin dissymétrique, correspondant à un fossé d'effondrement, formé de gradins successifs abaissés les uns par rapport aux autres par des failles normales. Une dissymétrie qui s'explique par le fait que le rift s'intègre dans un système monoclinal régional (Mer Rouge). Les failles normales à regard NE sont ainsi plus nombreuses que les failles normales symétriques à regard SW. On remarque d'autre part un déplacement de l'activité vers le Nord (sub-rift sud de Dankalello, plancher axial, sub-rift nord de Disa le Mallo). Si la distension se poursuit, dans quelques millions d'années, cette zone est vouée, par le jeu de l'écartement des plaques continentales, à devenir un océan. Cet océan mériterait alors l'appellation d’« Océan Afar ou Dankali » (se reporter au chapitre Introduction à la géologie régionale).

Ce rift est remarquable:

  • par les analogies qu'il présente avec d'autres dorsales sous-marines.
    Il est, malgré son axe en rotation dans le sens des aiguilles d'une montre, en continuité avec la dorsale du Golfe de Tadjourah, son volcanisme, depuis 1 Ma, est principalement subtholéïque,
  • par sa morphologie présentant deux grandes failles normales à regard inverse, espacées de 5 km, de fort rejet encadrant un plancher axial affecté d'une forte activité volcanique en son centre.

Il se différencie par une dissymétrie de son activité déportée vers le Nord dans le petit graben du "Petit Rift" ou sub-rift nord de Disa le Mallo.

D'autre part la distension entre les blocs somalien et arabique affecte le pays sur une plus grande échelle. Elle est à l'origine de grabens latéraux: Gaggade, Hanlé, Goba'ad (se reporter à la carte géologique).

• LES ÎLES DU DIABLE > un volcanisme subaquatique hyaloclastique

Les deux îles, la grande île (Ginni Kôma) et la petite, plus au Nord (Ounda Ginni Kôma) sont d'origine explosive phréatique.

Les cônes sont des empilements de matériaux hyaloclastiques de couleur ocre, résultat de l'activité explosive subaquatique. Depuis le panorama on observe la position asymétrique du cratère comblé du Ginni Kôma qui s'explique par les vents dominants d'Est qui ont entraîné les projections sur le flanc ouest. Une croûte sombre superficielle et altérée, d'origine aérienne recouvre partiellement la surface.

• LA RIVE SEPTENTRIONALE DU GHOUBBET >

Un banc de calcaire corallien huîtrier atteignant la cote 55m est visible depuis le Panorama entre la baie de l'Étoile et les estuaires des oueds Afay et Anaele. D'abord daté de 27000 ans au C14, une nouvelle datation U/Th a donné 140000 ± 10000 ans. La présence strates de calcaire corallien datées et cotées en altitude permettent d'apprécier la vitesse de bombement de la région liée à l'ouverture du rift (excursion 7).

© 2000-2002 J-P Berger & A-M Caminiti

Mise à jour le 23.8.2003
Documents

• Carte IGN de Djibouti au 1:200000
• Carte géologique de Djibouti, d'Ali-Sabieh et de Tadjourah (I.S.E.R.S.T.)

Itinéraire
Accès à la carte


Figure 1. Vue sur la bordure orientale émergée du rift, sur l'île du Diable et le Champ de laves. (photographie légendée)

Figure 2. Vue panoramique (montage photographique.

* D'après les dragages et les mesures bathymétriques, le Golfe de Tadjourah apparaît comme le fin de la dorsale de Carlsberg qui occupe le Golfe d'Aden (voir ride d'Aden dans annexes ou synthèse).

Figure 3. Carte simplifiée des séismes montrant qu'il existe bien une continuité entre le Golfe de Tadjourah et le Ghoubbet traduite par une activité sismique en continuité géographique même si la Passe peu profonde ne présente pas un lien direct entre les deux rifts.

Figure 4. Autre Panorama sur la bordure orientale émergée du rift, sur l'île du Diable et le Champ de laves. (depuis un point à 300m de la route entre l'arrêt 5 et le croisement avec la route qui descend au lac Asal)

© 2000-2002 J-P Berger & A-M Caminiti