|
|||||||||||||
Le site du Ghoubbet, présentation Le pic © 2003 - Benoît Poisblaud Crédit photographique Benoït Poisblaud |
Outil emblématique du Ghoubbet, le pic reste une énigme. Ce mystère ne provient cependant pas de la pièce en elle-même, connue ailleurs dans le monde, mais du contexte de découverte et de son grand nombre dans chaque site.
Il est essentiellement retrouvé à proximité et même dans des amas de coquilles. Cette situation a longtemps conduit à imaginer que les pics servaient pour une activité liée aux coquillages, à leur décrochage du rocher ou à leur ouverture. Une analyse plus précise de la pièce la néanmoins orienté vers une autre fonction. D'une manière générale, les formes sont très peu variées et répondent à un objectif utilitaire. Elles restent très majoritairement trièdriques. Les dimensions maximales varient entre 7 cm et 23 cm pour les plus belles pièces. La largeur a peu de variation, ce qui est à mettre en relation avec la prise de lobjet dans la main pour son utilisation. Cet outil est entièrement retouché. Laménagement volontaire dune pointe et son usure parfois très marquée désigne sa partie active. Le matériau utilisé est principalement le basalte, avec une préférence pour une roche dense et non vacuolée. Des ateliers se sont alors implantés à proximité des meilleurs filons, pour dégrossir les éclats débités du rocher. Cest ainsi que lun deux a été repéré à quelques centaines de mètres du rivage, resté tel quil a été abandonné il y a plusieurs millénaires. Lactivité y a été importante, avec un amas de débitage de plusieurs m3. |
||||||||||||
Des éclats sont aussi présents sur le rivage, ce qui présage le transport de préformes destinées à être façonnées dans les sites dhabitat. La technique de débitage est identique pour tous les pics mais chacun a un aspect différent, plus ou moins accidenté. Sa fabrication ne paraît pas être le fait de tailleurs spécialisés, qui auraient stéréotypé les outils. Elle a pu être réalisée par chaque occupant du Ghoubbet. Leur préoccupation serait l'aptitude à satisfaire les besoins auxquels le pic est destiné. | |||||||||||||
L'atelier dans le pente
|
|||||||||||||
La présence de pièces entières et brisées dans le périmètre exclusif de lamas suggère une activité ponctuelle dans ce lieu au point que les pics soient délaissés plus ou moins rapidement. Cet outil ne paraît pas précieux mais facilement renouvelable. Il semble propre à cet endroit et à ce milieu maritime ; aucun autre lieu n'a encore révélé de pics dans le pays.
Sa forme en pointe invite à linterpréter comme un outil de mine. Lextrémité présente un poli qui tranche avec le reste de la pièce uniquement marqué par le débitage. Le caractère pointu du pic laisse la place à une surface plate usée pouvant atteindre 1 cm de large. Il semble ainsi avoir servi par percussion sur une surface suffisamment tendre pour réaliser cette abrasion sans casser la pointe. Elle pourrait correspondre à une utilisation dans le détachement de plaques de sel, fonction quavait déjà imaginée P. Wernert dans les années 1930. Le sel est le seul matériau disponible dans la région qui peut procurer ces stigmates par frottement et même action chimique sur le basalte. Le sel est actuellement présent au lac Assal, dont la formation remonte au début de notre ère. Cependant, il nest pas exclu quun premier dépôt ait eu lieu antérieurement. La formation ancienne de sel dans le Ghoubbet est aussi possible. Les mouvements tectoniques ont pu former des bassins à lintérieur du golfe dans lesquels du sel a pu périodiquement se déposer. La fermeture ponctuelle du golfe nest pas à rejeter, facilitant alors la formation dune banquise dans ces eaux très salées. En plus dêtre une aire de rejet, lamas semble ainsi être une aire de travail où les plaques étaient ramenées afin dêtre réduites pour le transport. Elle expliquerait ainsi la présence des pics dans ces lieux. |
|||||||||||||
Détail de l'atelier
|
|||||||||||||
|
|||||||||||||