Retour à la page précédente LE GHOUBBET, un lieu d'occupation préhistorique LA CÉRAMIQUE
Le site du Ghoubbet,
présentation

Les amas

Les tombes

La céramique

Le pic


© 2003 - Benoît Poisblaud
Crédit photographique Benoït Poisblaud
La céramique représente l’identité des groupes qui ont fréquenté le Ghoubbet. En effet, le motif décoratif dessiné sur les pots est un des critères de reconnaissance des différentes cultures installées dans le golfe.
Elle n’est pas en très grand nombre, sans pot entier, mais la qualité de la pâte présage une maîtrise ancienne de la technique. Les formes correspondent à une vaisselle transportable (gobelet, écuelle…) en accord avec le caractère temporaire des occupations. Aucun grand vase de stockage n’a été mis au jour.

L’essentiel des décors est homogène, réalisé à l’aide d’une coquille, accessoirement d’un poinçon ou des doigts, plus rarement par excision. L’organisation de ces motifs est unique, spécifique à la région. Un grand nombre de tessons sont néanmoins trop petits pour montrer l’ensemble de la décoration. Ils portent pour la plupart de lignes simples ou combinées, horizontales, verticales ou obliques. Parmi celles-ci, la ligne brisée, proche d’un zigzag, est un thème récurrent qui représente l’un des marqueurs des céramiques du Ghoubbet.

Différents types de décor
Le corpus comprend aussi des motifs particuliers, autre caractéristique de la région. Le plus important est la bande réalisée par l’empreinte basculée du dos d’une coquille, souvent organisée en guirlande, et régulièrement accompagnée par l’impression d’un petit coquillage. Il est significatif du rapport entre la population et le milieu maritime.

Certains tessons portent aussi des motifs complexes qui sont une image du développement complet de la thématique décorative. Toutes les techniques et les motifs y sont mêlés, en registre séparé ou entrecroisées, dans une organisation globale qu’il reste encore à préciser.

La comparaison avec des cultures de la frontière soudano-éthiopienne daterait ces céramiques du 3ème millénaire av. J.-C. La ligne brisée est un des éléments de rapprochement avec le groupe Boutana, notamment, mais aussi l’absence de motifs pivotants ou de décor géométrique, respectivement du 4ème et du 2ème millénaire av. J.-C. Ces données sont cependant encore trop minces pour assurer ce placement chronologique.

Céramique trouvée dans le monument 53
Un second type céramique vient rompre l’homogénéité des céramiques du Ghoubbet. Son système décoratif est totalement différent du précédent. Il est réalisé à l’aide d’un peigne denté, sans aucun motif à la coquille. Il semble couvrir une grande partie des pots par des registres juxtaposés les uns aux autres. Ils sont faits de lignes multidirectionnelles, continues ou en pointillé, imprimées ou traînées. Un décor de lignes brisées de faible hauteur sépare régulièrement ces bandes.

La pâte est aussi très bien cuite, beige à noire. Les formes sont ouvertes ou fermées, et peuvent atteindre 32 cm de diamètre.

Certains ont été découverts sous un niveau de céramiques décorées à la coquille. Il n’indique cependant pas leur antériorité chronologique. En effet, ils sont associés à un amas coquillier, ce qui ne signifie pas obligatoirement leur lien avec tous les amas. Cette consommation a sans doute été effectuée par les deux groupes culturels, sans oublier l’activité de collecte de sel. Les pics ont ainsi dû être façonnés en grand nombre pour assurer cette pratique par les deux groupes.

Céramique trouvée sous le monument 53
Le rapport entre ces deux cultures n’est pas encore établi. Les décorations céramiques sont distinctes. Un motif fait néanmoins exception. Les deux cultures présentent un décor de lignes brisées, de faible hauteur et réalisé en faux relief. Le dessin est développé dans les deux groupes, malgré des techniques différentes et des dimensions variées.

Ce motif serait une thématique fondamental dans le "langage" décoratif qui marquerait l’appartenance à une ambiance. Il traduirait alors un contact entre ces deux populations, avec le passage d’un décor spécifique d’une culture à l’autre. Il pourrait aussi rappeler la filiation par sa conservation dans l’organisation de la décoration.

Ce motif est cependant présent dans d’autres groupes d’Afrique. La coïncidence dans le Ghoubbet est néanmoins troublante.

Céramique trouvée sous le monument 53
LE GHOUBBET PRÉHISTORIQUE - © 2003 - Benoît Poisblaud
GÉOLOGIE DE LA RÉPUBLIQUE DE DJIBOUTI

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